L'enfant respirait avec peine. Il allait mourir, mourir de faim, et ses grands yeux lui dévoraient le visage.
Pourtant, les Impuissants de ce Monde avaient dépensé des milliards de milliards pour assurer son bonheur, mais l'enfant, ingrat, n'avait même pas la reconnaissance du ventre.
Les silos nucléaires étaient pleins à ras-bord, les missiles sol/sol et sol/air étaient prêts pour les grandes semailles, les bombes accumulées dégoulinaient de neutrons glacés, les chars d'assaut débordaient de fourrages empoisonnés, il y avait de quoi mourir toute la planète.
Une belle mort, une mort patriotique, une mort gravée sur un monument pour cérémonie du souvenir et dépôts de gerbes, mais l'enfant du pays de la faim, l'enfant oublié, l'enfant des trépassés, s'en allait mourir de rien, ce tout petit rien qui s'appelle l'indifférence.
Tout autour de lui, les sous-marins nucléaires barbotaient, les mirages ronronnaient, les orgues de Staline se prenaient pour des orgues de barbarie, les bombardiers géants, la panse pleine, rotaient, les généraux se décoraient et les décorations se généralisaient.
Sur le visage de l'enfant affamé, désarmé, une mouche se posa, elles seront plus de 100 le soir.
Le clairon sonnait dans les casernes, la soupe était bonne pour les marchands de canons.
Lorsque l'enfant poussa son dernier soupir, il le fit si discrètement que même la conscience humaine, qui avait la bouche pleine, ne s'en aperçut pas...
Merci à Nina de l'avoir déposé sur mon passage
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